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Les feux de ta jeunesse
L’air froid du matin scintille
De brumes légères et souples
Dans la vive clarté limpide
D’un clair soleil d’hiver.
Tu t’en vas sous d’autres cieux
Brûler tes joies et ta jeunesse
Transmettre la fougue de tes envies
Dispenser aux quatre vents
Le souffle de ta muse
Les musiques de ta vie.
Ainsi va le monde
Je contemple ma solitude
Un peu triste et désabusé.
Tu prends le train pour l’avenir
Pour le monde
Et ses folies.
Je t’ai transmis ma vie.
Je crois
T’avoir donné tout mon savoir.
Mais puis-je en être sur ?
Cette culture chaotique
Comme le sol de la lune blonde
Qui m’envoie parfois des signaux
Que je perçois dans l’ombre
Pour les traduire
En termes choisis
Au rythme de la musique des mots.
Les mélodies qui peuplent ma tête
Tendues de cordes fines
Qui vibrent sous l’archet
Nous rassemblent inexorables
En éternelle communion
Mélomane et musicien
L’un n’étant rien sans l’autre
L’autre n’étant rien sans l’un.
Ce que tu connais
Ce que tu vis
Sur les monts et merveilles
Des feux de l’amour
Sous le charme mélodieux
Du chant d’un violoncelle
Qui romps le silence
De sa voix chaude et timbrée
Sous les bruissements furtifs
De la mer dans le lointain
De la brise marine
Dans les garrigues du midi
Du mistral
De la tramontane
Dont tu emportes
A chacune de tes escapades
Le souffle amer
Qui attise les flammes
Dans les collines rousses
Aux senteurs poivrées.
Ainsi va ta vie
Qui cherche sa voie
Dans l’insouciance de ta jeunesse
Dispensant
Le sérieux de tes motivations
La bonne humeur de ton bien-être
La vitalité de tes vingt ans.
Je t’ai transmis la vie.
Je contemple parfois le ciel
Les traînées blanches
Que laissent les avions
Puis qui s’estompent et s’effilochent
Dans l’azur sans fin.
J’écoute parfois
Par ma fenêtre ouverte
Les bruits de la rue
Au cœur de la ville
Qui ne chantent plus.
Les rengaines oubliées
Qui ont bercé
La naïveté primaire
De mes premiers pas.
Je suis le passé qui t’encourage
Tu es l’avenir de ma vie.
Ma vie suit son chemin
Avec ses petits bonheurs
Et ses désillusions.
De mon sentier herbeux
Bordé de roses églantines
Peuplé d’oiseaux frondeurs
Il me plaît à penser
D’avoir transmis à ta maturité
Mes rêveries et mes révoltes
Ce cheminement
Un peu décalé
Qui permet parfois
Avec jubilation
De se sentir différent.
Ce n’est pas toujours le bonheur
Cependant
Dans les foules anonymes
Il est des moments magiques
Où le destin magnanime
Croise nos chemins
A celui d’un être rare.
Tendre son corps
Tendre la main
Saisir l’instant rêvé
Une caresse qui effleure la joue
Un regard intense
Qui brille dans l’obscurité.
Je t’ai transmis la vie
Mes incertitudes et mes joies
La perception de la beauté
De mes yeux fous
Le mystère merveilleux
De la magie des sons mêlés
Un zeste puissant de tolérance
De plaisir des sens
Et d’humanité.
Les feux de ta jeunesse
20 mars 2003